Les blocages de l'écrivain
Petit tour d'horizon des plus répandus
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S’il est un point commun entre tous les écrivains, publiés ou amateurs, c’est leur capacité à douter. Et le doute, bien que bénéfique pour s’améliorer, finit souvent par entraîner des blocages. Ils sont multiples, s’entremêlent et dépendent beaucoup de la personne qui l’exprime, mais faisons un petit tour d’horizon des plus répandus afin de savoir les reconnaître pour agir.
La peur de l’échec
Celui-ci, on le ressent tous au moins une fois dans notre vie, peu importe que l’on soit auteur ou non. Et c’est souvent le fondement de tous les autres blocages. La peur de l’échec, c’est une crainte insidieuse qui s’installe en nous comme un termite et ronge tout sur son passage : la confiance en soi, la motivation, l’inspiration... Elle provient d’un mot entendu, d’une pensée, d’un cauchemar, d’une galère de la vie quotidienne qui nous déstabilise et met à terre toutes nos certitudes. Elle s’alimente de nos questionnements les plus sains et les transforme en pensées obsédantes et en sources d’autoflagellation.
Mais pourquoi ferions-nous forcément mal les choses ? Avons-nous de réelles preuves de penser cela ? Et au pire, si nous échouons, que peut-il nous arriver ? Après tout, la Française des Jeux en a fait son slogan pendant des années : “100% des gagnants ont tenté leur chance !” Pourquoi pas vous ?
Le syndrome de l’imposteur
Ah ! la notion de légitimité... Suis-je un écrivain si je n’ai jamais publié ? Suis-je un auteur, si mon nouveau livre est moins bien que le précédent ? Puis-je être réellement reconnu si je n’ai pas gagné de prix ?
Même les auteurs publiés, les écrivains de bestsellers ou les lauréats du prix Nobel se posent la question de leur légitimité. Quelqu’un d’autre n’aurait pas plus mérité l’attention qu’on leur donne ? D’obtenir le titre “d’écrivain”, à leur place ?
Mais si des personnes - parfois mondialement - reconnues se posent cette question, comment pouvons-nous, nous, auteurs inconnus, non publiés, petites vermines des comités de lecture, comment pouvons-nous nous sentir auteurs ?
Tout simplement en se rendant compte que la notion de légitimité est biaisée et que cette reconnaissance, avant de venir des autres, doit venir de vous. Voyez plutôt le problème à l’envers : tant que vous ne vous considérerez pas comme un écrivain, personne ne le fera pour vous.
La page blanche
Elle arrive quand tout va bien, quand notre plan est prêt, dès que nos personnages sont prêts à prendre forme ou après que l’idée de notre prochain roman ait éclot comme un feu d’artifice... Elle arrive également après un coup de fatigue, une mauvaise nouvelle, une dispute...
La page blanche, en réalité, est presque plus le résultat, le symptôme dominant de notre blocage d’écriture. Elle possède une multitude de causes et de facteurs aggravants. Certains écrivains la craignent, d’autres s’en inspirent...
Avec aecriture, j’essaye de vous aiguiller pour l’éviter, de vous soutenir pour vous sentir plus fort que cette feuille immaculée ou que cette barre qui clignote sans bouger sur votre écran.
Mais cette page blanche n’est qu’une étape, le signe que quelque chose doit être modifié dans votre routine d’écriture. Acceptez cette page blanche comme une occasion de vous écouter.
La procrastination
Vous avez envie d’écrire... mais le lave-vaisselle doit être vidé, le grenier trié et, tiens, vous devez appeler Michel, ce brave cousin éloigné du côté de votre mère que vous n’avez pas vu depuis vos 10 ans. S’il n’est pas question ici de vous dire de laisser tomber votre ménage ou de ne pas sortir le chien, il est important de savoir prioriser nos actions. Et si on se dérobe à chaque fois qu’une séance d’écriture est sur le point de commencer ou qu’on commence à se trouver des excuses, on est clairement sur de la procrastination.
Et croyez-moi, je le sais, je suis moi-même la reine de la procrastination. J’aime beaucoup l’idée de prévoir une séance d’écriture et celle d’avoir écrit. Mais celle de m’y mettre, là, maintenant, est parfois difficile à accepter.
La procrastination est - tout comme la page blanche - souvent le symptôme d’un blocage plus profond, comme la peur de l’échec, une scène qui ne nous plait pas ou carrément, une idée de roman qui ne nous convient plus. Si la procrastination pointe son nez, essayez de discerner la cause du problème et agissez.
“Allô, Michel ? Oui, c’est Jeanne !Oh la la, ça fait longteeeemps...”
Le perfectionnisme
“ Je vais peut-être relire mon livre encore une fois avant de le soumettre aux éditeurs ”, “ mon premier jet doit être parfait ”... le perfectionnisme chez un auteur se traduit, entre autres, par des séances de relectures redondantes et infinies ou une angoisse à l’idée de montrer son écrit. Mais on n’est pas ici sur le gentil défaut que l’on a tendance à mettre en avant sur notre CV. Non, le perfectionnisme en écriture, il dénature votre plume, vous pousse à trancher, mutiler votre récit à la recherche de la meilleure tournure, d’une meilleure scène... Voire d’un autre roman.
Le perfectionnisme vous empêche d’aller de l’avant, vous plonge dans une angoisse permanente quant à votre écriture, votre légitimité... Il vient d’une comparaison avec les autres, mais souvent de nous-mêmes, de notre insécurité.
Et pourtant, tous les auteurs et éditeurs le disent : un roman n’est jamais parfait. Il est “achevé”, “accompli” à un instant T, mais la perfection ne se trouve pas dans l’écriture. Comme dans toutes les facettes de la vie, la perfection est subjective, inatteignable et fluctuante. Surtout, elle est enfermante. Ne jamais finir son roman, ne jamais accepter la fin du processus d’écriture est une plaie ouverte pour un auteur. Alors, apprenons à savoir quand s’arrêter et se satisfaire du travail accompli.
... et tant d’autres
Vous l’aurez sans doute compris, mais ces blocages sont des blocs qui s’appellent entre eux, se répondent et se chamaillent. Selon qui vous êtes, la vie que vous menez et votre propre histoire, vous allez développer des blocages qui vous sont propres - même s’ils touchent souvent aux grosses catégories citées ici.
Pour y faire face, il faut vous accorder un peu de temps pour vous poser les bonnes questions et demander du soutien auprès de vos proches ou d’une personne compétente. L’activité d’auteur est souvent vue comme solitaire, mais elle n’est pas une fatalité. Des groupes d’écriture, des pages sur les réseaux ou un coach peuvent vous aider à faire le point et à partager vos blocages. Ne restez pas seul.
Pour mieux vivre votre écriture, gardez à l’esprit qu’un blocage ne s’ignore pas, ne se force pas, mais se démantèle.