La romance

Qu'est-ce que la romance et pourquoi est-elle en train d'envahir nos rayons ?

GENRE

2/14/20246 min read

Un genre méprisé

Si la romance représente près de 7% du marché français en 2023 et décolle alors que le manga (ancien bestseller national) reflue, elle n’est pourtant pas encore bien perçue par le monde du livre.

“Histoires de midinettes”, “récits pour femmes mal dans leur peau”, “romans de piètre qualité”... La romance a souvent mauvais genre. Si bien que beaucoup de lecteurs se cachent de prendre plaisir à leur lecture.

Mais grâce aux réseaux sociaux, et notamment au BookTok, la jeune génération de lecteurs et d’auteurs compte bien changer tout cela.

La romance contemporaine : le plus connu et le plus publié à travers le monde. Ses intrigues peuvent avoir lieu sur toute la période post WWII et reflètent les mœurs de leur temps.

La romance futuriste: une romance qui prend place dans une histoire qui pourrait d'un autre côté être classée en tant que récit de science-fiction.

La romance policière : aussi appelée romantic suspense, qui implique une intrigue ou un mystère que les protagonistes doivent résoudre. La différence entre un polar avec une histoire d’amour est généralement l’importance et la présence de trope(s) fort(s).

La romance multiculturelle : un des protagonistes est afro-américain, hispanique ou asiatique (prisme US).

La romance paranormale : elle mélange une fiction romantique avec des éléments qui relèvent traditionnellement de la fantasy, du fantastique ou de l'horreur. On peut notamment citer Outlander.
Sous-sous genres : Time Travel, Vampire...

La romantasy : ou romantic fantasy, qui connaît également un engouement énorme. Elle décrit une histoire de fantasy en utilisant un grand nombre d'éléments et de règles des romances.

Faire naître une émotion dans le cœur du lecteur

La grande force de la romance est de toucher profondément le lecteur. L’amour, sans tomber dans le gnagnan, est un sentiment qu’en tant qu’humain, nous cherchons à éprouver, consciemment ou non.

Le besoin de l’autre, la sensation d’être aimé participe à l’équilibre de la vie. Et la romance sait toucher cette corde sensible. Pourtant, ce n’est pas donné à tout le monde de traiter des sentiments. Nous avons tous une manière de ressentir, d’aimer, d’être attiré différente.

Faire naître la peur est parfois bien plus facile à réussir que de faire aimer un personnage. En soi, n’est-ce pas un véritable tour de force qu’une romance qui fonctionne ?

Après, on ne va pas se mentir, certaines romances sont bas de plafonds, utilisent des stéréotypes bidon et forcés et sont un ramassis de déjà-vu terriblement ennuyant. Comme dans tout genre, toutes les publications ne se valent pas, mais la romance souffre de la mise en avant de ces récits mal ficelés, parfois peu professionnels ou écrits à la va-vite.

Et si on considère depuis longtemps ce genre comme facile ou à l’eau de rose, on ne peut s’empêcher de penser que c’est de par son étiquette de “lecture féminine”. Comme beaucoup d’activités dédiées aux femmes, la littérature d’amour a souvent été minimisée, reléguée à un sous-niveau, car “une femme ne peut pas faire de l’art comme un homme” ou autres inepties.

C’est cette vision qui personnellement me déplaît. Je ne suis pas lectrice assidue de romance, mais je déplore le fait qu’un genre soit ainsi considéré moins prestigieux tout simplement à cause de par qui ou pour qui il est écrit.

En tant qu’auteur

La romance offre la possibilité d’écrire des histoires simples, prenantes et qui vont toucher directement le cœur des lecteurs.

Et surtout, on ne doit pas se sentir coupable d’écrire ou de publier de la romance si c’est ce que l’on aime raconter. Trop d’auteur(e)s aujourd’hui se cachent derrière un nom de plume pour ne pas risquer le ridicule.

Sinon, s’inspirer de la romance peut être une bonne façon de traiter une relation dans votre roman, même s’il est d’un autre genre. Il n’y a pas de raison de laisser l’amour de côté.

C’est le genre montant de ces dernières années et pourtant, la romance est toujours perçue comme de la sous-littérature.

Petit reminder

Il est important de rappeler que dans la romance, il ne s’agit pas uniquement d’une histoire d’amour. Titanic n’est, à ce titre, pas une romance, mais une histoire d’amour.

Une différence très importante, car une romance est toujours positive, dans le sens où les protagonistes finiront toujours ensemble à la fin de l’histoire.

La romance, c’est une histoire qui finit bien, malgré les problèmes et les difficultés, là où une histoire d’amour peut être tragique, dénoncer des atrocités ou de l’amour toxique.

Ce qui d’ailleurs, pose problème à certains lecteurs, compte tenu de contenus parfois dérangeants comme dans la dark romance.

La narration de la romance

Ce qui n’aide pas à la reconnaissance de la considération artistique de la romance est son statut de genre codifié. En effet, elle est régie par de nombreuses lignes directrices, nommées tropes, qui permettent de catégoriser chaque histoire : un enemies to lovers nous dressera le portrait d’une haine ou d’une concurrence qui se change en beaux sentiments; une forced proximity se basera sur l’obligation des deux protagonistes à habiter ou travailler ensemble malgré leur réticence... Ces tropes sont là pour aiguiller le lecteur, lui dire, “tu vas vivre ce genre d’émotion, cela va te rappeler telle histoire”.

Uniquement marketing, le trope? En fait, non. Tout comme les contes vont traiter souvent des mêmes valeurs, la romance est faite pour renouveler les premiers émois amoureux. On touche ici à ce qui fait vibrer la sensibilité de chacun(e), comme les différents fantasmes que l’on peut avoir.

Que l’on soit célibataire ou en couple, cela permet de s’évader d’un quotidien, de vivre des sensations et des émotions que l’on ne retrouve plus dans la vraie vie. À l’heure où les rapports humains deviennent difficiles, les “book boyfriends” sont de parfaites échappatoires de la réalité.

La romance en univers médical : entre la romance et la fiction médicale, pas besoin de vous faire un dessin.

La romance gothique : un sous-genre dérivé des romans gothiques.

La romance spirituelle : associe une histoire d'amour avec des valeurs et des croyances chrétiennes (venant des USA, elle est plus souvent affiliée à cette religion).

La romance historique : ce sous-genre a connu un énorme boom avec La Chronique de Bridgerton.

La New Romance : elle met en avant des personnages dont le passé, souvent troublé ou tortueux, a des répercussions sur leur vie actuelle et, par extension, leurs histoires amoureuses, avec des scènes de sexe explicites.

La romance érotique : elle se caractérise par un contenu sexuellement plus explicites, à la limite de la pornographie avec des scènes écrites exclusivement pour titiller le lecteur.

La romance new adult ou Young adult : elle met en scène des jeunes adultes de 18 à 30 ans qui expérimentent les premières expériences de la vie adulte.

Les sous-genresde la romance

La dark romance : sous-genre qui traite de thématiques sombres, notamment la vengeance, le pardon et les traumatismes psychologiques issus d’enfances difficiles. Elle se rapproche du drame psychologique. Elle met en scène des relations parfois condamnées par la morale ou par la loi.

Dans ce genre littéraire à la frontière entre amour, désir et violence, l'auteur joue avec les limites de la morale et le franchissement de l'interdit.

Ce genre connaît de nombreux détracteurs au sein du monde de la romance (des auteures aux lectrices) et nombreux sont ceux qui ne le considèrent pas comme de la romance, de par leur manque de fin heureuse, élément pourtant fondamental du genre.

Enfin, on peut voir dans certains textes une érotisation de la maltraitance ou des violences, qui laisse place au débat de la promotion de certaines pratiques ou pensées dans la littérature.

La romance est principalement écrite par des femmes pour des femmes et souffre encore, en 2024, de cette vision volontairement réductrice des points d’intérêt dits féminins.

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